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Le cancer du sein et ses potes, les autres cancers


+++ Pour bien commencer +++

Cet article n’engage que moi, il ne saurait remettre en cause vos croyances et aspirations profondes, tout ce qui vous est propre. Il ne s’agit que d’un témoignage, d’une vision. Il n’y a pas ici de recommandation ou de technique universelle, chacun étant son propre pilote et sachant mieux que quiconque ce dont il a besoin. Ce texte est ma réalité, je vous la livre. Peut-être n’avez-vous pas envie de l’entendre. Dans ce cas, libre à vous d’attendre le prochain article.

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Bon et bien il semblerait que ce soit le moment d’en parler et puis de faire tomber le masque par la même occasion. L’anonymat c’est bien commode mais ça ne dure qu’un temps. Vient le moment où il faut se dévoiler, assumer et poursuivre son chemin (ou tracer sa route comme on dit).

Pourquoi le cancer du sein et ses potes, les autres cancers ? Parce que ça reste dans la même veine que mes articles précédents “le curcuma et ses potes les superaliments“, “la tomate et ses potes, les fruits aqueux“… Le cancer du sein très médiatisé et ses potes que l’on oublie parfois, les autres cancers.

J’ai eu un cancer du sein, c’est donc celui que je maîtrise le plus (cette compétence n’apparait pas sur mon CV) mais ma réaction face à lui aurait sans doute été la même quelle que soit sa localisation.

Pourquoi poser torse nu avec des pomelos ? Parce que les pomelos c’est joli, de saison et ça ressemble quand même étrangement à des seins (et en plus, ils sont bien plus gros que ce qui se cache derrière)(heureusement que ça n’est plus la saison des groseilles, j’étais mal). Et puis c’était ça ou deux oeufs au plat mais à priori, mon égo a pris le dessus.

Pourquoi me dévoiler maintenant ? Parce que c’est octobre rose et que je suis très scolaire. Non pas vraiment. C’est pour moi une date importante puisqu’il y a trois ans, le 8 octobre 2013, on m’annonçait cette nouvelle qui allait bouleverser ma vie et celle de ma famille.

Mon octobre rose, bleu, vert, orange, rouge…

Nous sommes en plein octobre rose donc, le mois de la sensibilisation au cancer du sein. Le mois où l’on sort ses pomelos pour les tâter de plus près.

Mais pourquoi consacrer tout un mois pour un cancer en particulier ? Ne peut-on pas parler de tous les cancers, de tous les endroits de notre corps qui peuvent être affectés par la maladie et de la dure réalité que cela représente ? C’est sur, le cancer du côlon est moins “sexy” que celui du sein. Il est aussi plus simple de sensibiliser les femmes à l’auto-palpation des seins que les hommes à l’auto-palpation des testicules. Les images sont moins trash, plus douces et moins poilues. Il est vrai que la photo d’un homme posant nu avec deux pomelos entre les cuisses serait un peu limite (encore que, juste un peu prétentieuse peut-être).

Je n’en avais pas réellement conscience avant mais étant entrée de plein fouet dans le monde du cancer, j’ai rencontré d’autres gens, d’autres jeunes comme moi, atteints d’autres cancers, d’autres maladies et qui n’ont pas vraiment de mois dédié ou en tout cas, bien moins médiatisé. Leur maladie n’en est pas moins grave pour autant. Tout comme le cancer du sein n’est pas aussi rose que l’on voudrait nous le faire croire. Je vous passe les statistiques.

D’ailleurs, a t-on réellement besoin d’un mois pour y penser ? Tout comme on a marketé la fête de l’amour, la fête de fin d’année, la fête à neuneu, la fête de la bière (alors que l’on sait tous que les vrais amateurs de bière n’ont pas besoin d’une fête en particulier pour en consommer). Je ne suis bien évidemment pas contre la démarche, d’autant que cela permet de récolter des fonds pour la recherche. J’y participe aussi d’ailleurs à mon niveau. Il y a trois ans lorsque je travaillais encore chez ba&sh et que je débutais mes traitements, j’avais susurré à l’oreille des créatrices d’y participer (bas&sh touche tellement de femme !). Elles n’ont pas hésité une seule seconde et on lancé des tee-shirts dont l’intégralité des bénéfices est reversée à une association (oui oui, l’intégralité). Elles réitèrent cette année l’aventure pour la troisième fois consécutive et au vu du succès, autant vous dire que le chèque versé à l’association pèse lourd. Je participe à des courses aussi, pour récolter des fonds. J’agis comme je peux. Mais je préfèrerais que les fonds récoltés le soient pour tous les cancers confondus, et que la solidarité soit la même pour tous.

Même merde même combat, pas de distinction.

cancer du sein

Seins, ovaires ou testicules ?

Mon cancer

Tout est dit dans mon histoire. J’en parle d’ailleurs rarement sur le blog, ce dernier n’étant pas dédié au cancer mais à tout ce qu’il m’a permis de découvrir.  Et oui, je suis une éternelle optimiste et même dans les situations les plus moisies je trouve toujours quelque chose de beau à tirer.

Alors comme je n’en parle pas souvent je vais me lâcher un peu, c’est ma date anniversaire après tout (oui il y a des bougies dont on se passerait) et c’est l’article pour.

On m’a donc diagnostiqué un cancer du sein il y a 3 ans.

Je ne vais pas de nouveau vous raconter mon parcours mais plutôt cette atmosphère pesante de laquelle il faut s’extirper tant bien que mal. J’avais déjà aussi aborder le sujet de la maladie, la sempiternelle question du “pourquoi”. Non pas “pourquoi moi” (j’ai échappé à cette phase d’injustice en croisant beaucoup trop d’enfants malades sur ma route…pourquoi eux…) mais pourquoi cette maladie alors que je n’ai jamais été malade et jusque là en bonne santé. Enfin, en bonne santé, tout est relatif. Aujourd’hui on se considère en santé assez facilement je trouve alors que nous sommes tous atteints de troubles plus ou moins variés, qu’ils soient d’ordre physique ou psychique. Des douleurs articulaires matinales (dès 30 ans ! J’en connais un paquet, dont je faisais partie d’ailleurs), des affections de la peau en tout genre (acné, zona, vitiligo, eczéma, dermite, j’en passe…), des syndromes prémenstruels douloureux, des troubles de la mémoire, du comportement, des insomnies, des burn-out (il pleut des burn-out en ce moment non ?), des haleines chargées, des fatigues chroniques, des dépressions… Et malgré tout, on s’estime en bonne santé. Ces maux n’ont pas lieu d’être mais on s’en contente car c’est ce qui nous est proposé de mieux. C’est ça aujourd’hui la santé, serrer les fesses pour ne pas rejoindre la case “maladie”. Parce que l’espérance de vie augmente mais dans quelles conditions…

J’ai décidé de ne plus me contenter de cette petite santé et de ce que l’on me propose. J’ai décidé que j’étais le pilote de mon navire et que clairement, jusqu’à présent, je n’avais jamais passé mon permis bateau (attention il y a de la métaphore dans l’air). J’ai compris et sans me culpabiliser que j’étais en partie responsable de mon état. Et j’ai changé. Je me suis remise en question. Est-ce que cela veut dire que je vivrai centenaire ? Au vu du tsunami chimio, probablement pas. Mais le corps se régénère, j’y crois à fond, je ne sais pas à quel point il a été altéré alors je ne sais pas où je serai demain mais qui peut prétendre le savoir ? Aujourd’hui je vis. Je fais de mon mieux et demain on verra. Et puis, avant je vivotais, j’avais beaucoup de faux problèmes, j’étais plutôt triste et désillusionnée par ce monde et en recherche permanente de sensation forte. Il y a des gens comme ça qui sont très affectés par la vie, qui ne comprennent pas le fonctionnement de cette société et qui subissent. Des idéalistes en recherche d’idéaux perdus. Mais il suffit parfois de prendre les choses sous un nouvel angle pour refaire surface. Ça peut être difficile tout seul, il ne faut pas hésiter à s’entourer. Le cancer a été pour moi ce nouvel angle. Est-ce que je m’en serrais passer ? Bien entendu. En attendant je fais avec et j’en tire le meilleur autant que je peux.

Comment font les bienheureux ? Heureux en toute circonstance, confiant en la vie. Comment prétendre vivre ou aimer la vie si on ne profite pas de chaque instant, aussi difficiles soient-ils ? Pas forcément en se lançant dans des défis irréalisables en permanence mais en se contentant de ce qui nous entoure, de la vie, sans fioritures. J’apprends chaque jour un peu plus à vivre simplement, sans en vouloir toujours plus car jamais contente de ce que j’ai. On passe facilement à côté de sa vie comme ça. C’était mon cas jusqu’à présent. Et puis, comment vivre en marchant chaque jour le sourire à l’envers ? Souriez à la vie et elle vous sourira en retour, cette phrase ne m’a jamais semblé aussi vrai que maintenant.

Et là vous vous dîtes super,on baigne dans le pathos, elle ne touche plus terre, la meuf “a compris” le sens de la vie, souriez à la vie gnagnagna… Pas vraiment. J’ai dû essuyer pas mal de déboires, de coups de mou, de fatigues, de désespoir. J’ai eu cette chance d’être toujours entourée. La personne qui partage ma vie, à qui je dois beaucoup. Et ma fille, qui malgré son très jeune âge aura perçu beaucoup de chose.

cancer du sein

Mes peurs

Quand je ne connaissais pas le cancer j’en avais peur. Maintenant que je suis dedans ? J’ai toujours peur. Mais le filtre de l’ignorance a sauté au passage et je comprends plus de choses. Je ne suis plus simplement l’hôte passif de ma maladie, je sais que mon comportement influe sur elle. Alors j’agis. C’est tout l’objet de ce blog. Ne plus être passif face à sa santé mais en prendre conscience. Et ça me fais du bien. Beaucoup de bien même. C’est ce que je souhaite partager avec vous et c’est pour ça que j’ai créé curcumabox. Est-ce que je me prends pour mon propre médecin ? Evidemment non, mais la complémentarité est de mise, on ne peut pas agir seul (ni la médecine, ni nous).

Du coup aujourd’hui j’ai moins peur. Demain on verra.

Je ne veux plus être dominée par cette peur viscérale qui vous colle au bide comme du mauvais gluten. Celle qui est présente dès qu’une douleur apparait, que des examens approchent, qu’on vous annonce une autre personne malade… Je ne veux plus angoisser dès que ça me gratte les fesses ou que ma fille se plaint d’avoir mal au ventre. Avoir peur quand j’attends mes résultats de contrôle IRM, et que le professeur me regarde avec des yeux de bovins. Celui là même qui m’a annoncé trois ans en arrière que j’avais un cancer obèse dans mon mini sein. Celui là même qui m’avait répondu lorsque je lui avais demandé si j’allais mourir “mais pourquoi voulez-vous mourir ?” Euh j’ai pas envie en fait, faites gaffe, moi aussi je roule ma bille à ni oui ni non (non bizarrement cette repartie ne m’est pas apparue il y a trois ans). Et oui, lui aussi doit bien se blinder, se cacher derrière son masque. Il annonce les bonnes et les mauvaises nouvelles comme la caissière ressasse les mêmes mots toute la journée “bonjour, ça fera 20€, merci, au revoir”, “bonjour, vous avez un cancer, merci, au revoir”.

Il n’y a pas de recette miracle pour contrôler ses peurs, ceux qui vous en donnent mentent. Les recettes universelles ne fonctionnent pas dans ce monde où chaque être est unique. Ça vaut pour tout, de l’alimentation au choix de sa petite culotte (plutôt tanga ou shorty ?). A chacun sa façon de s’alimenter, à chacun sa façon de mettre en valeur son fessier.

Aujourd’hui je ne vis plus dans la peur parce que je ne pouvais plus respirer. J’étais morte, morte de peur. La peur est souvent pire que la maladie elle même. J’ai eu une sorte de déclic, quelques mots qui m’ont libéré, des mots qui n’ont aucun intérêt à être cités car ils ne concernent que moi et ne vous seraient probablement d’aucune utilité. Ils ne sont pas arrivés tout de suite, le déblocage a mis du temps. L’angoisse peut réapparaitre à tout moment mais cette peur viscérale, je l’ai évacué. Je ne sais pas pour combien de temps, je sais que rien n’est jamais acquis, mais j’en profite. Je profite de chaque instant de cette liberté. J’ai perdu ma naïveté et mon insouciance, j’ai du gérer cette peur de mourir et d’abandonner ma fille. Mais aujourd’hui je vois les choses sous un nouvel angle. Avant je disais toujours que “de toute façon je ne ferais pas une belle petite vieille”, mieux valait vivre intensément et mourir jeune. Maintenant que la mort a frappé à ma porte comme pour me signaler son existence, je ne tiens plus du tout le même discours.  La vie telle qu’elle m’est offerte me convient très bien et je suis convaincue que je ferai une belle petite mamie. Je n’ai plus peur de vieillir.

Que vous ayez peur ou non, sachez que l’on prend tous les choses comme elles viennent et que l’on fait au mieux et c’est déjà très bien. Chacun est différent face à ses peurs mais il ne faut pas qu’elles prennent le dessus sur notre vie, même si cette vie a été altérée, qu’elle est en suspens.

La peur empêche de vivre. Et pour arrêter d’avoir peur il faut faire face à la mort. Savoir qu’elle existe. On ne peut pas vivre pleinement en l’ignorant. Ou alors on vit à demi mot. Je l’ai compris aujourd’hui et je ne suis plus la même personne.

Aujourd’hui je vis. Je ne vis pas en ayant peur de mourir ou en ignorant la mort, je vis chaque jour qui m’est offert pleinement, même pas comme si c’était le dernier, simplement en me contentant de la vie telle qu’elle est. Simple et riche. Nous faisons la richesse de nos vies, nous décidons de nous lever avec le sourire ou pas. Levez-vous tous les matins avec le sourire et votre journée sera belle. Levez-vous en vous plaignant de la pluie qui tombe et votre journée sera morne, vous passerez à côté de votre vie, en vous imaginant ailleurs, un ailleurs qui n’existe que dans votre tête. “Si seulement je pouvais avoir ça”, “si seulement j’étais là-bas, tout irait mieux”, “quand je changerais de travail ça sera mieux”, “quand on déménagera ça sera mieux”, tout sera mieux que maintenant en fait. Sauf que maintenant n’existe déjà plus et que l’on passe beaucoup trop de temps à l’ignorer et la vie passe.

J’ai décidé de vivre (et pas que dans ma tête).

Ma vie

Nous y voila donc. Tout ce cheminement. Toutes ces alertes, ces appels du corps quels qu’ils soient. Tout ce travail d’esprit. Dans un seul et unique but, celui de nous ramener à la vie (voir l’article sur la maladie). Pas la vie que l’on n’avait pas su voir jusqu’à présent mais celle bien éclairée et lumineuse que nous pouvons désormais contempler. Le cancer m’a permis d’enlever les filtres opaques qui brouillaient ma vue. Vivre c’est se lever et être heureux d’être là où l’on est. Ne pas toujours vouloir vivre plus fort, être au dessus de la vie, car sinon on bascule dans la SUR vie (on est au dessus, supérieur), on n’est pas dedans mais à côté.

Aujourd’hui je ne suis plus à côté de ma vie, je suis dedans. Je ne la contemple plus du dessus comme si elle ne m’appartenait pas. Je ne cherche plus mille moyens de la fuir ou de la “SURvivre” comme pour la surpasser. La vie m’est offerte chaque jour et je la déguste, je ne l’avale plus comme avant en oubliant la moitié des morceaux.

Je suis juste une personne qui vit sa vie. Ni plus ni moins. Je n’ai aucun conseil particulier à donner. Je ne fais pas mieux que vous. Je fais de mon mieux. C’est tout.

Belle et heureuse vie à tous.

cancer du sein

Diantre, on dirait presque des vrais dans cette couleur ! La reconstruction peut bien attendre du coup

Commentaires

  1. Bautista dit :

    Très bel article! Bisous !

  2. Gourmandine dit :

    Diantre, quel beau texte ! Il se boit comme du ptit lait d’amande 😉 Un vrai régal d’authenticité, de simplicité et d’espoir. Et pas uniquement pour les personnes atteintes du cancer ou d’une maladie grave. Merci, encore et toujours, de me montrer l’exemple ! Et là, en l’occurrence, je suis une mauvaise élève en pleine insomnie… Oups, j’y méditerai dans 2h ! Ne t’arrête jamais, tu es passionnante ! ?

  3. Isabelle dit :

    Super article…parfait quand on a un coup de mou….comme une piqûre de rappel….oui… la vie est belle!
    J’ai lu cette inscription sur un mur de Verrières..
    La vie est une question d’en-vie
    Sur ce…à bientôt dans tes articles à déguster…

  4. NOEMIE SOARES dit :

    Touchant et bien écrit! Le message délivré est si juste et nécessaire de le rappeler. Alors merci pour ce beau message plein de vie et d’optimisme! Alors je te souhaite une belle vie!!

  5. Rachid dit :

    Ohlala, tu m’as tué de bonheur ?❤️
    Merci pour ces mots sincères
    ( je les prends pour moi, tu as vu ?! )
    Ton site embellit ma vie et motive mes choix et idées ?

  6. girardot dit :

    MERCI pour ce bel article et vos pensées que je partage. Super site et blog

  7. Sophie dit :

    Merci Cindy, je découvre ce blog et tes mots expriment tellement bien ce que je ressens. Eh oui même combat, ça fait 2 ans et des brouettes avec un bébé tout juste né à ce moment là… le tsunami chimio comme tu dis si bien… la peur atroce, les pensées noires tous les jours. Eh puis après la résurrection si je peux dire, d’ailleurs je le dis ! Je me suis sentie revivre. En tout cas merci pour ton optimisme c’est juste super de te lire, je vais continuer à suivre tes billets avec grand plaisir ??
    Et vive les pomelos, petit pied de nez ? C’était interdit pendant les cures de TAC (pour celles qui connaissent 🙂

    1. Curcumabox dit :

      Merci Sophie ! Oui c’est vrai, pas de pamplemousse pendant les traitements comme quoi l’alimentation n’est pas anodine ?

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